Réflexions sur le "marché du handpan"
(en 2019...)
Historiquement le marché du handpan a été dominé par un décalage entre l’offre et la demande. Cela a parfois fait monter les prix, a créé des opportunités pour vendre facilement des instruments très moyens et cela à des prix parfois indécents. Des intermédiaires ont tenté de se positionner en achetant des instruments pour les revendre bien plus cher et en l’absence de véritable valeur ajoutée… ça c’est pour la face sombre…
Il y heureusement eu, en même temps, quelque chose de beaucoup plus lumineux qui s’est passé : des makers ont partagé leur savoir, leur matière et leurs outils pour favoriser la formation de nombreux autres artisans makers. D’autres makers ont participé à établir un tarif de référence pour un niveau de qualité considéré comme très bon, c’est cela qui a grandement aidé à lutter contre l’inflation des prix. Ce modèle s’est développé sur la base du circuit court entre maker et musicien rendant possible la vente d’un travail artisanal fait main (et à proximité) à un prix acceptable. C’est une sorte d’heureuse anomalie dans notre société de voir que le travail d’un artisan local est en fait vendu moins cher que le produit de moindre qualité en « supermarché ».
Aujourd’hui, l’offre s’est naturellement développée, la demande aussi… et il y a de nouveaux choix à faire et comme par le passé certains pourront être considérés comme plus lumineux que d’autres et mon analyse ci-dessous sera forcément teintée de considérations personnelles.
Nous voyons se développer des productions devenant plus industrielles et distribuées grâce aux canaux traditionnels de l’industrie des music shop et/ou des entreprises ayant une force de communication sur internet. Un système où le seul moyen d’augmenter les marges lorsque le prix psychologique est atteint, est d’augmenter le niveau d’industrialisation et/ou de baisser le coût humain de production… C’est presque surprenant que ces canaux de distribution et types de produits ne soient pas encore « dominants » sur le marché du handpan !
Face à cela notre force en tant qu’artisan maker est d’être aujourd’hui plus nombreux partout sur les territoires, avec une communauté dotée d’une très forte valeur ajoutée (au travers des musiciens poussant les limites des instruments, de tous ceux qui organisent des cours et des initiations, participent sur les réseaux sociaux, organisent des rencontres…). Aussi fou que cela puisse paraitre, en offrant une rencontre, une expérience et le choix d’un véritable objet d’artisanat à des visiteurs dans nos ateliers, nous faisons la promotion d’un modèle qui est considéré aujourd’hui comme alternatif ! Ce modèle est principalement basé sur la vente directe ou en circuit très court avec des partenaires ajoutant une véritable et forte valeur au travail de l’artisan.
Bien sûr ce modèle ne plait pas à tout le monde et les tentations de le renverser existent. Chaque acteur de ce marché fait les choix qui lui semblent les plus en phase avec la vision qu’il a de cet instrument et les objectifs qu’il poursuit. C’est aussi une responsabilité du futur joueur de comprendre ce dont il fait la promotion lorsqu’il achète son handpan.
Pour ma part et au nom du collectif Shellopan, je considère qu’il est important de faire savoir :
- Qu’un handpan s’achète auprès de son fabricant, dans son atelier ou auprès d’une personne proposant une véritable valeur ajoutée.
- Qu’il est pas un objet banal produit de façon industrielle mais une sculpture signée de la main d’un maker.
- Que son niveau de finition dépasse la simple notion d’accordage, c’est le timbre du son qui nécessite du temps et du soin et que c’est son timbre qui en fait un instrument unique.
- Qu’il est un instrument de musique qui ne fait aucun son sans les mains et doigts de son joueur. Il se choisi donc avec ses propres mains et son propre touché qui sont uniques… et ceci est compliqué sur internet ;)
- Que, même si cela parait dérisoire, la façon dont le handpan arrive dans la vie d’une personne a une influence directe sur la relation que la personne va développer avec son instrument.
- Enfin, que son tarif ne donne aucune indication quant à sa qualité !