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mise à jour le 12/07/2027, mise à jour concernant le copyright de PANArt

C'est grâce à de multiples partages que notre coopérative Shellopan s'est construite depuis 2010. Poursuivant cet esprit de partage de tout ceux qui nous ont aidé à progresser, nous avons choisi de publier les informations qui nous semblent les plus utiles à toute personne qui s'intéresse à la fabrication de handpan.

 

1) Conflit juridique en cours, status actuel et perspectives... (mise à jour du 12/07/2024)

Face aux nombreuses histoires et légendes entourant le conflit entre PANArt et la communauté du handpan, il me (Matthieu Shellopan) semble important d’écrire pour ne pas laisser trop de légendes prendre la place de l'Histoire… Pour contextualiser les éléments d’analyse que je pourrais être amené à formuler, j’écris et tant qu’acteur professionnel et passionné de la communauté du handpan. Mon activité de maker a été totalement inspirée par mes rencontres chez PANArt il y a près de 20 ans et le développement de mon activité se fait depuis plus de 10 ans au sein de la communauté du handpan. A mon avis, le handpan poursuit depuis plus de 10 ans une émancipation progressive par rapport au Hang. En effet, alors qu’il fut totalement inspiré par le Hang, cette sculpture sonore volontairement minimaliste, toujours intuitive et proposant un son et un "kick" inimitable, le handpan quant à lui poursuit un chemin tendant plus vers celui des instruments de musique à la tessiture devenant plus large et proposant des façons de jouer qui font l’objet de méthodes d’apprentissage, leur dynamique sonore laissant moin de place aux modulations pour se concentrer sur un son plus cristalin… Mon propos n'est surtout pas de dire que l’un serait mieux que l’autre mais plutôt qu’ils deviennent de moins en moins comparables ! Cette question de l’émancipation, suffisante ou insuffisante, est le sujet de fond d’un débat devenu conflit…

handpan et hang, inspiration ou plagiat ?

photo d'un handpan et d'un Hang illustrant la question de l'inspiration ou du plagiat.

En 2020, l'entreprise PANArt en Suisse a engagé des démarches en Allemagne visant à faire reconnaitre leur droit d'auteur sur le Hang qu'ils considèrent être une « œuvre d'art appliqué ». 20 ans après la création du Hang, la demande d'émancipation qu’ils formulaient à destination des fabricants de handpans était désormais devenue bien plus contraignante que ce qui avait déjà été demandé par le passé (exemple des cas de Bellart en Espagne et EchoSoundSculpture en Suisse). Cette nouvelle vague d'action en justice pourrait s'expliquer par une opportunité juridique permise par la justice européenne (voir l'arrêt Brompton de la CJUE en 2020). L’argumentation de PANArt s'appuie notamment sur une expertise technique du Docteur Anthony ACHONG à laquelle un petit groupe de makers avait souhaité apporter une réponse sous la forme d'une lettre ouverte à la communauté de l'accordage de l'acier. En formulant cette lettre ouverte, l’idée était de tenter d’avoir une discussion sincère autour des éléments fonctionnels et esthétique du Hang qui sont d’une grande importance concernant le droit d’auteur. Cette initiative est restée sans suites, peut-être faute de disposer d’une voix représentative de l’ensemble de la communauté du handpan et le seul lieu pour poser le débat allait devenir un tribunal.

Pour faire face au risque de création de plusieurs précédents juridiques qui auraient été en défaveur des acteurs professionnels du handpan, une initiative collective prétendant représenter la « communauté unie du handpan » fut fondée sous le nom de HCU. Une collecte de fond fut organisée pour intervenir juridiquement en défense et en attaque contre PANArt. Différents dossiers indépendants se sont regroupés ou ont été mis en attente de ce qui allait devenir l’affaire principale : l’attaque de la part de HCU contre PANArt, menée à Berne (CH) et contestant le fait que le Hang puisse bénéficier d’un droit d'auteur. Chaque partie entra dans des positions devenant conflictuelles, PANArt décida de répondre au fait d’être attaqué en contraignant des makers suisses à s’associer au procès (par l’envoi de lettre de mise en demeure de mettre fin à leur activité) et en réalisant une saisie dans les ateliers d’Ayasa.

Durant toute la première phase du procès, la stratégie d’attaque de HCU était de développer une argumentation pour faire en sorte que le Hang ne puisse pas bénéficier d’un copyright. Elle consistait à démontrer que le Hang aurait été découvert par chance, sans démarche créative et que son évolution depuis le premier prototype n’était que le fruit de choix techniques. En tant que maker de handpan ayant été inspiré par les travaux de PANArt, je ne me sentirais évidemment pas à l’aise si je devais tenir un tel discours ! Mais il n’y avait malheureusement pas de solution alternative car aucune approche plus diplomatique n’avait trouvé le moyen d’atteindre PANArt et de nombreux acteurs du handpan durent juste accepter de suivre cette stratégie HCU ou de rester silencieux. Il devenait aussi délicat durant cette période de proposer de nouvelles formes pour les instruments car cela aurait pu porter préjudice à la stratégie juridique choisie par HCU (si l’on part du postulat que la forme n’est que la conséquence de choix fonctionnels, tout changement de forme serait au détriment de la qualité ou conduirait alors à la création d’un autre instrument de musique).

L’issue de la première phase du procès survint le 2 juillet 2024 et semble 100% positive pour PANArt. Elle valide la reconnaissance du Hang en tant qu’œuvre d’art appliquée identifiée par sa forme lenticulaire, son Ding et Gu en position centrale et les notes placée en cercle autour du Ding. La stratégie de HCU visant à présenter le Hang comme étant la conséquence de choix techniques ne justifiant aucune protection par le droit d’auteur a échoué tout en consommant un budget probablement élevé pour les deux parties (HCU avait indiqué publiquement que le budget initial annoncé par leurs avocats était de 250k€ pour toute la procédure).

Au moment où j’écris cette analyse, je ne sais pas si HCU va faire appel de la décision du tribunal de Berne d’accorder la reconnaissance du droit d’auteur à PANArt, mais beaucoup d’acteurs de la communauté du handpan reconnaissent que PANArt mérite d’avoir un copyright sur sa création et que continuer à dépenser des sommes conséquentes en frais de justice pour retarder ou empêcher cette reconnaissance est un combat peu honorable. Ceci est devenu encore plus flagrant depuis l’affaire menée en parallèle par World of handpan avec les mêmes avocats que ceux de HCU contre le nom Hang qui constitue probablement l’action la plus irrespectueuse qui entachera durablement notre communauté (sans vouloir développer trop longuement ici, il semble tout de même nécessaire de rappeler que World of handpan fut le déclencheur qui obligea la communauté du handpan à réagir contre PANArt en 2020, il fut aussi un des tous premiers à avoir bénéficié de l’argent collecté par HCU… tout cela alors que personne n’avait envie de soutenir son business considéré comme agressif et qui utilisait ostensiblement les mots clé liés au Hang pour sa visibilité). La poursuite du travail de HCU semble nécessaire car une décision de justice définitive est préalable à une coexistence pacifique entre PANArt et les acteurs du handpan (quel que soit cette décision, c’est un arbitrage qui est devenu nécessaire). HCU doit donc pouvoir poursuivre son action et va donc devoir continuer à engager des frais de justice (et il y aura peut-être même un jour des remboursements de frais d’avocats de la partie adverse à payer…). HCU, en tant structure autoproclamée crée dans l’urgence en 2020, mériterait néanmoins de mettre en œuvre des procédures démocratiques lui permettant d’être véritablement représentatif de ses membres et de rendre compte de façon transparente des conventions permettant à certains de ses membres décisionnaires d’être en même temps bénéficiaires. Sans cela, HCU risque de faire face à de plus en plus de défiance.

Durant cette période où il est possible de faire appel, il est important de bien comprendre si le juge acceptera encore de parler d’esthétique/fonctionnalités ou de prendre en compte des expertises, cela déterminera s’il vaut mieux faire appel ou laisser se poursuivre la procédure dans sa deuxième phase.

La deuxième phase du procès devrait permettre d’établir la limite exacte entre inspiration et plagiat, cela déterminera avec précision le périmètre du droit d’auteur de PANArt. Vu que le tribunal a rejeté à 100% l’argumentation de HCU concernant les 4 points clés identifiant le Hang, il faudra peut-être tout de même s’attendre à l’avenir à devoir composer avec des contraintes que nous considérions jusque-là non acceptables (cf le refus de stopper le procès durant la période de « settlement » en 2023 lorsqu’il fut proposé par PANArt d’abandonner le Ding pointant vers l’extérieur, cela avait été rejeté par une majorité de makers qui considéraient que c'était une caractéristique fonctionnelle). En commentant le verdict, les deux parties sont arrivées à des conclusions opposées : HCU pense que le périmètre de ce droit d’auteur sera considérablement réduit lors de la seconde étape du procès et, à l’opposé, PANArt annonce avoir confiance dans le fait que la justice considèrera que les handpans de Ayasa, Soma sound sculpture, YataoPan, World of handpan, Thomann, Terré, … (liste non exhaustive) seront considérés comme des contrefaçons/plagiats. La liste des entités actuellement impliquées doit aussi être vue comme porteuse d’une sous-liste cumulant probablement plus d’une centaine de handpans différents et il va falloir juger lesquels enfreignent ou pas le droit d’auteur. Des avis de spécialistes sont nécessaires pour imaginer les scénarios possibles mais le bon sens laisse imaginer qu’aucun juge ne va trouver la motivation d’analyser en détail chaque instrument et cela pourrait avoir une influence…

L’issue idéale serait celle qui reconnaitrait la créativité de PANArt et permette aux makers de handpan de poursuivre/adapter leur travail en respectant un cadre juridique clair et durable. Il me semble utile de noter ici que le marché du handpan est de plus en plus concerné par l’arrivée d’acteurs ayant une approche de production de masse et qu’aucune issue à ce procès ne protègera les artisans (je considère qu’un artisan est une entreprise qui appartient majoritairement à un ou plusieurs tuners). En effet, « sauver le handpan » dans sa forme actuelle, qui pourrait aussi être considérée comme la plus facile à industrialiser, va aussi relâcher les freins pesant actuellement sur les investissements. C’est un des avantages de cette période d’incertitude pour les « petits » artisans, les gros investissements visant à industrialiser la production ou son commerce semblent plutôt limités en Europe depuis ces dernières années.

Pour conclure, cette phase du procès est un moment qui fait date dans l’histoire et c’est aussi une occasion de libérer à nouveau la créativité du côté des makers qui le souhaitent. Ils pourraient faire évoluer le handpan et défendre collectivement leur travail artisanal. Au lieu de financer uniquement des avocats, ils pourraient aussi financer des outils à usage collectif, prototyper des nouvelles formes qui restent libre d’usage (et surtout le faire avant qu’un acteur opportuniste ne s’approprie le dessin de ce qui sera le « handpan v2 » et ne force les autres makers dans des positions de dépendance), ils pourraient financer des travaux de recherche et d’outillage pour alléger l’usure corporelle liée au métiers de maker et tuner, ils pourraient financer une union professionnelle qui les rassemble autour des intérêts qu’ils ont en commun ou encore promouvoir un label de qualité…

 

 

 

2) Vous êtes encore là ? ;) parlons des coques, point de départ de tout projet de fabrication de handpan

Lorsque nous avons démarré notre projet en 2010, le problème principal pour créer des handpans était de former à la main les coques servant de matière première. Nous avions initié un projet de création d'un outil d'emboutissage mais les coûts d'un tel outillage étaient trop importants pour oser se lancer seul dans cette direction. Quelques années plus tard, d'autres apprentis démarraient des projets un peu partout en Europe et nous avons proposé de partager une future production des coques embouties pour rendre possible la construction de l'outillage. Un groupe de 5 fabricants accepta de prendre le risque de soutenir le projet (sans savoir si les coques leur conviendraient) et nous avons collectivement décidé des dimensions des futures coques. J'ai alors construit l'outil d'emboutissage avec une entreprise de prototypage industriel et choisi un lot d'acier que j'ai acheté... De 2014 à 2017, nous avons produits plusieurs séries de coques qui sont devenues identifiables sous le nom de coques Shellopan. Elles ont été utilisées par différents apprentis fabricants dans le monde entier. Nous avons aussi accueilli de nombreux visiteurs souhaitant apprendre les bases de notre travail dans notre atelier. La demande de matière première est devenue de plus en plus forte et notre intention d'aider les apprentis fabricants que nous étions tous se transformait en travail de sous-traitance générant des dépendances économiques et une charge de travail musculaire qui devenait insoutenable. Nous avons donc choisi mettre fin à la vente de matière première en espérant aussi favoriser la diversité des futurs instruments fabriqués. Depuis 2017, d'autres projets de fabrication de matière ont donc commencé à proposer de la vente de coques embouties, malheureusement il n'y a pas eu de diversification et la forme dessinée collectivement en 2014 est devenu un sorte de standard repris par la majorité des fabricants de matière première.

Avant de réaliser des coques, la toute première étape est de trouver sa matière première. Elle aura un impact sur le son presque aussi important que celui résultant du travail de l'accordeur.

Le plus classique utilisé actuellement est l'acier doux norme DC04. C'est un acier à emboutir avec une faible teneur en carbone et autres éléments d'alliage. La référence d'acier "DC04" est bien connue depuis les publications de l'entreprise PANArt. Cette référence n'est pas une garantie d'obtenir un bon acier en raison de la trop grande tolérance de la norme. Il est assez facile d'obtenir un mauvais acier DC04 surtout avec les marchandises importées. Aussi, les meilleurs paramètres favorisant l'emboutissage ne sont pas de meilleurs paramètres pour la gestion des stress que nous voulons induire dans la tôle lorsque nous la travaillons, il nous faut donc trouver la bonne "balance" quand nous choisissons un nouveau batch d'acier (chez Shellopan, il nous arrive souvent de devoir attendre plus d'un an avant de pouvoir acheter l'acier qui nous convient). Cet acier nécessite d'etre nitruré (voir point suivant).

Depuis quelques années, une nouvelle mode émergea dans le milieu du handpan et consista à utiliser de l'acier inoxydable. Le type d'inox utilisé est dit ferritique (430), cet un inox sans nickel et donc peu couteux principalement utilisé pour faire du mobilier de cuisine, des pots d'échappement ou encore des bacs de friteuses ! L'impact sur le son est très caractéristique en donnant plus de sustain au son de l'instrument avec un decay très linéaire (le decay est plus en "cascade" avec l'acier ce qui favorise un jeu plus rapide). L'instrument devient encore plus facile à jouer pour les débutants. L'instrument aura une dynamique particulière qui se prêtera bien à un jeu en extérieur ou une jeu méditatif lent mais pourra devenir plus fatigant pour les oreilles lorsqu'il est joué en intérieur car son son deviendra facilement une sorte de soupe sonore ou tout se mélange. Nous considérons que de tels instruments ont un coté flatteur et cela peut devenir trompeur pour le client "débutant". Pour pallier au coté parfois jugé comme trop fatigant, une nuance d'inox allié à du titane/niobium (441) a été utilisée mais le son reste tout de même celui d'un inox et n'est jamais comparable avec celui de l'acier nitruré.

La méthode de formage et d'accordage devra être adaptée à la matière utilisée. Indépendamment du travail de l'accordeur, le timbre sonore de l'instrument sera très impacté par le choix du matériel de base. Nous pensons donc qu'il est important pour un fabricant de handpan de connaitre les caractéristiques physiques et chimiques de la tôle qu'il achète.

Différentes méthodes de formage des coques :

(par ordre de préférence personnelle croissante, avantages et défauts entre parenthèses) :

  1. martelage manuel au fouloir pneumatique (+ pas cher / + contrôle possible de l'épaisseur avec l'expérience / - risque pour la santé, éprouvant pour les muscles et les articulations)
  2. repoussage manuel ou commande numérique (+ pas cher / + facilité de former l'évent de la coque du dessous / - problème d'épaisseur inconsistante, la tôle s'affine plus on s'éloigne du centre)
  3. hydroformage (+ facilité de choix de la profondeur de la coque, - impossibilité de contrôler la répartition de l'épaisseur, la coque finale est parfois plus fine au centre d'environ 20%, nous avons éliminé cette technique pour cette raison)
  4. repoussage dans des cerclages (+ contrôle de l'épaisseur possible selon outillage / - besoin d'une tôle plus épaisse au départ car le repoussage ne fera que affiner la matière / - rainures marquées dans la surface)
  5. emboutissage sur presse hydraulique, c'est la méthode utilisée par Shellopan dont la première version de l'outillage est visible ici (+contrôle de l'épaisseur de la tôle avec possibilité de laisser rentrer de la matière depuis le serre flan, - outillage couteux et besoin d'une presse de grande dimension)

 

L'une caractéristique très importante concerne la répartition de l'épaisseur après formage de la coque (cf photo ci-dessous de la répartition des épaisseur pour une coque emboutie Shellopan, mesure par sonde ultra son).

handpan shells thickness test

 

3) notions concernant la nitruration

Le choix d’un acier à emboutir à faible teneur en carbone (exemple : DC01 à DC05) impose de réaliser un traitement visant à modifier ses propriétés méchaniques (dureté, résistance élastique, comportement à l'écrouissage...).

Le principe le plus utilisé est la nitruration dont les principes appliqués à un instrument de musique en métal ont été détaillés en l’an 2000 par l’entreprise PANArt Hangbau AG (Conference on New Developments of the Steelpan – Paris – 20/05/2000).

Nous pouvons distinguer 3 approches concernant la nitruration :

- une nitruration très courte créant 3 strates dans la matière : une couche de combinaison (couche blanche), une couche de diffusion puis la couche centrale d'épaisseur variable dont les caractéristiques de la matière n'ont pas ou peu été modifiées. Le protection contre l'oxydation est acceptable mais il est possible de tenter de l'améliorer par une procédure de post oxydation. D'après mon expérience, les instruments réalisés avec ce type de matière ont généralement un sustain plus long.

- une nitruration moyenne créant 2 strates dans la matière telle que présentée dans les publications de PANArt en l'an 2000 : il en résulte une couche de combinaison puis une couche de diffusion jusqu'au coeur de la matière. La dureté en surface est environ 2x supérieure à la dureté à coeur. C'est le type de nitruration que nous utilisons.

- une nitruration longue telle que présentée dans le brevet que proposait PANArt pour obtenir une certaine densité de nitrures précipités. C'est une nitruration qu'aucun fabriquant de Handpan ne semble utiliser. PANArt l'utiliserait depuis les Hang dit "integral". Je n'ai jamais pu tester une telle matière et ne peux donc pas faire de commentaire sur ses caractéristiques.

 

4) Physique des matériaux et importance de l'approche scientifique

Il est possible de fabriquer des instruments de musique en se contentant d'accorder des coques disponibles sur le marché mais il me semble que démarrer un véritable projet artisanal lié aux caractéristiques physiques du métal devrait être accompagné d'une étude de ces caractéristiques. Je n'ai pas la prétention de faire un cours à ce sujet mais pour ne pas se limiter à parler d'un métal dur ou mou, je peux tout de même inviter les lecteurs à se renseigner sur les notions suivantes :

Globalement, être capable d'expliquer les différences entre rigidité, résistance, raideur et dureté est le signe d'une bonne compréhension :)

Les enjeux dans notre domaine d'activité seraient de comprendre l'incidence de tous ces paramètres :

  • sur le timbre d'une note et d'un instrument dans sa globalité
  • sur son style de préparation des notes et d'accordage.

Des informations intéressantes peuvent être trouvées dans les travaux de recherche de PANArt et de Anthony Achong. Daniel Bernasconi de SOMA Sound Scluptures en Suisse a choisi de publier une synthèse de ses recherches ici : "science of sounding steel".


5) L'atelier et L'outillage

Avoir un lieu de travail est le tout premier impératif pour fabriquer des handpans, j'ai déjà vu des atelier entre 5m² et 2000m²...

Le notre est un garage double de 25m² :

 

 

Bien que certains outils coûteux peuvent être mis en commun, certains deviennent très personnels comme par exemple les marteaux. Chacun aura bien sûr ses propres préférences et voici une liste générique des outils nécessaires pour commencer un projet de fabrication de handpans

  1. nettoyage des coques : scotch brite grain 180 à 1000 sur meuleuse d'angle, solvant/dégraissant type "essence F" ou alcool isopropylique dans un espace ventilé et avec masque de protection combinée norme A2P3 (important).
  2. nitruration : un rack supportant les coques et espaçant les coques dans le four permet d'éviter toute déformation
  3. emboutissage des dimples ou des notes + dimples : empreintes mâles en acier et/ou caoutchouc et femelles en acier + presse <20 tonnes. Vous trouverez ici un outil pour faciliter le calcul des tailles des notes et des dimples : shellopan - note et dimples ratio.xlsx (faire clic droit, enregistrer la cible en cas de difficulté à afficher le fichier, bien lire les questions réponses en bas de fichier). Attention emboutir des notes en même temps que les dimples ne dispense pas d'un gros travail interstitiel (shaping), il peut même le rendre plus compliqué.
  4. fabrication de l'évent pour la coque du dessous : empreintes mâles et femelles + presse <5 tonnes + plateau de maintien tournant + marteau de carrossier 1kg
  5. formage de la coque entre les notes : cerclages pour maintenir la jante de la coque + fouloir pneumatique (mot clé : GS-0838E) + avec différentes têtes + compresseur d'air. Attention l'usage d'un fouloir pneumatique est particulièrement usante pour le corps en raison de l'exposition aux vibrations, certaines mesures indiquent une durée d'exposition de maximum 8 minutes par jour. Un système de réduction des vibrations est donc indispensable (mise à jour à venir à ce sujet 08/2024)
  6. recuit : four de taille adaptée et pouvant tenir jusqu'à 400°C (en général ce sont des fours faisant minimum 4kW)
  7. martelage : set de marteaux et maillets (soulpan.hammers)
  8. accordage : marteaux, stand d'accordage (plans diy disponible ici, clic droit pour télécharer le fichier DWG), outil d'analyse audio (exemples : linotune, overtone analyser, peterson mechanical strobe tuners)
  9. collage : un pistolet à colle adapté aux mastics épais est vivement recommandé, certaines personnes utilisent un pistolet électrique pour faciliter cette étape (oubliez les produits bas de gamme à ce sujet, ils n'auront pas la force suffisante).

 

6) Se protéger

L'activité de maker expose le corps à des risque d'usure, de maladie et d'accidents. Voici certains des meilleurs équipements de protection que nous avons trouvé à ce jour :

 

7) Ressources de formation en vidéo

Voici une video en deux parties que j'ai réalisée durant le "grand confinement" pour servir de ressource pédagogique dans le cadre du programme de sciences de certaines classes de lycée en France. Il y a de la théorie générale sur le son et je termine par une démonstration d'accordage d'une note de handpan.

 

 

Voici pour finir, une vidéo présentant un éventail de possibilité d'accordage des modes de vibration les plus élevés de la note centrale (shoulder tones) :

 

Site web réalisé par la coopérative Shellopan